Économie et Finance
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Programme 60 000 logements
sociaux : Le DG de la SICOGI dit tout - 112 maisons déjà réceptionnés -
''Tous les demandeurs seront pris en compte''
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Le
lancement de l'opération est prévu, jeudi prochain. Le directeur général de la
Sicogi, Camara Loukimane, en situe les enjeux.
Monsieur le Directeur général, comment avez-vous accueilli la décision du ministre de la Construction de confier ce gros projet présidentiel de construction de 60 000 logements sociaux à la Sicogi ?
C'est une marque de confiance
de la part de M. le ministre de la Construction de nous demander de porter le
programme du président de la République Alassane Ouattara. Mais c'est aussi un
challenge. Parce que nous devons réussir cette mission et nous allons la
réussir. Toutes nos équipes sont mobilisées. C'est une opportunité à ne pas
rater. Nous avons signifié à tous nos collaborateurs de ne pas voir uniquement
ce chantier comme une instruction du ministre mais bien comme une commande
faite par les clients. Car ce sont eux qui sont les demandeurs de logements et
nous devons tout faire pour les satisfaire. A cet effet, nous allons engager
tout le Btp. Nous en tant que maître œuvre, la Sicogi fera la coordination
opérationnelle.
Votre structure a-t-elle l'expertise nécessaire pour mener à bien cette mission ?
Par le passé, la Sicogi a fait
ses preuves. Elle a été un grand bâtisseur. Les quartiers comme Yopougon et
Koumassi, pour ne citer que ceux-là, ont été construits par notre structure.
Nous avons l'expertise nécessaire. Il s'agit ici d'une capacité opérationnelle
à déployer. Il est vrai que ces dix dernières années, nous n'avons pas assez
travaillé parce qu'il y avait d'autres préoccupations dans le pays. Mais
aujourd'hui, nous repartons de plus belle et nous allons recruter la ressource
humaine en conséquence. Mieux, nous allons investir et nous nous y attelons.
D'ailleurs, le hall de notre siège a été transformé pour accueillir un plus
grand nombre de clients. Notre objectif est de leur dire que c'est un Sicogi
nouveau à leur service.
Pourquoi une pré-souscription ou pré commercialisation et non une souscription directe ?
Nous voulons vérifier dans un
premier temps quelle est la demande réelle ou solvable avant de formuler les
programmes. Tout le monde est demandeur de logements mais il faut savoir quel
type de logement intéresse toutes ces personnes.
Pourquoi avez-vous décidé d'élargir le champ des souscripteurs au secteur informel alors qu'au départ, il semble qu'il s'agissait en priorité de logements sociaux pour les fonctionnaires ?
Tout le monde a besoin de
logements. C'est pourquoi nous avons élargi la base. Mieux, quand le Président
de la République a pris l'engagement de mettre en œuvre sa politique de
logements sociaux, il s'adressait à toutes les populations ivoiriennes de toutes
les extractions sociales, sans exclusive. Donc fonctionnaires, travailleurs du
privé et du secteur informel, tous sont concernés.
Les populations auront-elles à payer des frais pendant la pré-souscription ?
Oui. Au cours du recensement le
souscripteur aura à payer 30 000 F. Cfa par personne. Seulement. Parce que nous
voulons que les souscripteurs s'assurent qu'ils sont prêts à payer le prix du
logement dont le petit s'élève à 5 millions. Pour le souscripteur qui est
retenu au terme de l'opération, cette somme sera défalquée sur ses frais de
dossier. C'est comme s'il avait fait une avance sur lesdits frais.
Qu'en est-il de celui qui n'est pas retenu ?
Dans le programme, tous les
demandeurs seront pris en compte. C'est vrai qu'on a prévu 60 000 logements
d'ici à 2015. Mais le programme ne s'arrête à cette date. Vous pouvez ne pas
être retenu maintenant mais pendant ce temps vous pouvez continuer votre
épargne car d'autres programmes suivront. Dans tous les cas, chacun aura un
logement dès lors qu'il a des revenus pour en payer le prix.
Quelles sont les localités concernées par ce programme ?
C'est en principe tout le pays
qui est concerné. Dans la première phase, nous nous intéressons aux chefs-
lieux de région et aux départements. Donc, la Sicogi sera présente dans 107
départements et les pré- souscriptions vont s'y dérouler à grande échelle sur
60 jours. C'est-à-dire du 5 avril au 31 mai. Mais elles se poursuivront à la
Sicogi sans discontinuer.
Quelles sont vos attentes le 28 mars, jour du lancement officiel du programme ?
Nous allons présenter ce
jour-là, le programme et le dispositif mis en place aux populations. Et c'est
seulement à partir du lundi 1er avril que l'opération va entrer véritablement
en vigueur. Nous sommes en train de faire en sorte que les pré-souscriptions
puissent se faire aussi bien au siège de la Sicogi, à Adjamé, que dans les
mairies. Afin d'éviter que tout le flux de demandeurs ne converge vers notre
structure. En ce qui concerne les grandes entreprises, des commerciaux iront
vers elles. Nous avons aussi prévu des comptes bancaires dans toutes les
banques locales et les demandeurs sont invités à y verser les 30 000 Fcfa.
Enfin, ils se présenteront avec leurs reçus aux différents lieux de pré-
souscriptions.
Combien de commerciaux avez-vous engagé à cet effet ?
Nous avons formé près de 300
jeunes aux techniques de vente et ils ont visité nos chantiers pour s'imprégner
de l'environnement du bâtiment. Ils seront déployés sur toute l'étendue du
territoire. Ce programme est aussi un moyenne, pour juguler le problème du
chômage. La construction des 60 000 logements va créer, au bas mot, plus de 15
000 emplois. Par ailleurs, c'est, en moyenne 600 milliards qui seront injectés
dans l'économie ivoirienne.
En son temps, vous aviez évoqué le partenariat public/privé. Quels sont les partenaires extérieurs qui vous accompagnent dans ce vaste projet ?
Quand on parle de partenariat
public/privé, il ne s'agit pas forcément de partenaires extérieurs. Déjà, ce
que la Sicogi entreprend avec l'Etat est un partenariat public/ privé. C'est
vrai que nous sommes une structure étatique mais nous nous comportons ici comme
une société privée. Toutefois, nous réaliserons ce vaste chantier avec l'apport
d'autres sociétés privées. Il y a des investisseurs privés qui viendront soit
de l'étranger, soit du pays. Parce qu'il y a des nationaux qui ont le
savoir-faire nécessaire. Nous avons mis un mode opératoire qui stipule que le
constructeur choisit doit mener de bout en bout le programme qui lui est confié.
Des constructeurs privés se
sont-ils déjà manifestés ?
Près de 300 entreprises qui y
ont répondu. Nous allons analyser les dossiers et retenir celles qui sont bien
outillées et fiables. Mais dans tous les cas, les sélections vont se faire par
appel d'offres. Car il est important que les entreprises retenues soient en
mesure de faire les études, de réaliser les Vrd et les constructions. Puisque
c'est un programme particulier où tout est défiscalisé donc hors taxe, nous
allons mettre en place des procédures spécifiques pour faciliter l'obtention
des titres de propriété et autres documents. Il reste aux entrepreneurs à être
bien organisés. Nous avons constaté à Abidjan que des chantiers sont abandonnés
parce que les promoteurs comptent sur les avances des clients pour payer
l'entrepreneur, tandis que les clients, eux, veulent voir les maisons surgir de
terre avant de continuer à payer. Et l'on ne s'en sort plus. Mais en ce qui
concerne ce programme, nous avons pris l'engagement de payer les promoteurs dès
qu'ils nous livrent les maisons. C'est pourquoi, nous voulons travailler avec
des entreprises solides à même d'honorer leurs engagements. La Sicogi, quant à
elle, va se concentrer sur la commercialisation.
Avez-vous un cahier des charges auquel ces constructeurs privés devraient se soumettre ?
Effectivement, nous avons un
cahier de charges. Nous allons profiter de ce programme présidentiel pour
repenser le développement de nos villes et nos régions. Vous voyez qu'Abidjan
s'est pratiquement développée en désordre. Nous allons restructurer les
quartiers dans le modèle de maisons Sicogi des années 1970.
Quel va être le rôle des banques ?
Leur rôle va être déterminant.
En fait, au bout du compte, ce sont elles qui décident qui a droit au logement.
Nous allons demander aux banques d'accompagner les souscripteurs et elles
n'appuieront que ceux qui sont bancables. Toutefois, la Sicogi, dans sa mission
étatique et sociale, va prendre en compte, avec le soutien des bailleurs de
fonds, ceux qui ne sont pas bancables afin que tous les Ivoiriens soient
satisfaits et bien servis en matière de logements. Par ailleurs, l'Etat a
convenu avec l'association professionnelle des banques et établissement
financiers (Apbef) de nous accompagner avec des conditions assez souples. A savoir,
des taux d'intérêt maximum à 6,5 % et les délais de remboursement vont jusqu'à
vingt (20) ans. Il faut dire que ce sont ces conditions qui ont longtemps
constitué le point de blocage. Nous pensons qu'avec toutes ces dispositions,
désormais tous nos concitoyens pourront bénéficier, chacun d'une maison qui
convient à son niveau de revenu.
A quand doit-on s'attendre aux premières maisons ?
Le programme est lancé depuis
2012 et nous avons déjà réceptionné 112 maisons de la Cité Ado à Yopougon et en
décembre 2013 nous allons réceptionner une deuxième partie. Mais il faut
souligner que tout le quartier n'est pas encore viabilisé et il manque
certaines commodités comme l'eau et l'électricité. Nous attendons que la
viabilisation et l'assainissement soient achevés avant de procéder aux
livraisons. C'est vrai que des opérateurs immobiliers ont l'habitude de livrer
des quartiers sans eau ni courant. Mais cela ne ressemble pas à la signature de
la Sicogi. En ce qui nous concerne, nous avons le souci du confort de nos
clients.
Pouvez-vous promettre aux Ivoiriens qu'en fin 2015, les 60 000 logements seront bel et bien construits ?
Ce n'est pas une promesse. Le
ministre de la Construction nous a mis en mission et nous avons des clients en
face. Après l'opération de pré-souscription, si 60 000 personnes demandent des
logements, elles les auront d'ici à 2015. Nous sommes dans le domaine du
concret. En effet, nous avons 107 départements et il suffit que nous engageons
100 entrepreneurs fiables et que chacun ait à construire 600 logements, le
compte est bon. C'est le lieu ici de lancer un appel à nos entrepreneurs, pour
leur dire qu'il y a du travail pour tout le monde, surtout pour ceux qui sont
organisés. Mais s'ils ne sont pas bien structurés, ils n'auront pas de marché
parce qu'ils vont nous perdre du temps inutilement. Nous avons besoin
d'entrepreneurs qui viennent avec leurs financements et nous leur disons que le
programme ne s'arrête pas en 2015. Parce qu'il faut résorber un déficit de
l'ordre 500 000 logements par an.
Interview réalisée par
Germaine Boni et Hadja Sidibé